Installez-vous et laissez moi vous conter l’histoire d’un petit gâteau synonyme de souvenirs sucrés : la madeleine.
L'origine précise de la madeleine est entourée de mystère, mais cette délicieuse pâtisserie aurait été créée au XVIIIe siècle. La légende la plus répandue attribue l'invention de la madeleine à une jeune servante nommée Madeleine Paulmier. Selon cette histoire, Madeleine aurait improvisé la recette en 1755 pour satisfaire le prince de Conti à Commercy, une ville de la région de Lorraine en France.
Et à l’origine de ce petit gâteau : une dispute !
En 1755, Stanislas Leszczyński, ancien roi de Pologne, beau-père de Louis XV et duc de Lorraine, donne une réception au château de Commercy. Mais voilà, au cours du dîner, le bouffon de Stanislas, pousse à bout le chef pâtissier du château. Les babas au rhum, qui devaient être servis pour le dessert, finissent alors renversés. Et le pâtissier rend son tablier.
Le problème ? Cela met le duc dans l'impossibilité de conclure son délicieux, faute de dessert...
C'est alors qu'une jeune servante de la marquise Perrotin de Beaumont, Madeleine Paulmier, originaire de Commercy, intervient :
“Si vous le voulez, monsieur, je connais une recette de dessert qui me vient de ma grand-mère.”
Faute de mieux, l'ex-roi de Pologne accepte l'idée.
Une fois sa préparation terminée, faute de moules à l’époque, elle utilise des coquilles Saint-Jacques pour donner une jolie forme aux gâteaux, avant de tout envoyer au four.
À sa grande surprise, ses invités étaient tous ravis et se délectaient de ce petit gâteau. Le duc Stanislas tint donc à remercier celle qui a accompli cette merveille, en baptisant le petit gâteau du prénom de l'héroïne du jour, Madeleine.
Le 26 juillet 1852, avec l’inauguration de la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg, la madeleine deviennent véritablement célèbre dans tout le pays. Eh oui, sur le quai les vendeuses ambulantes font découvrir aux voyageurs cette pâtisserie. L’une des voyageurses, Anne Marie Caussin, jeune commercienne, qui prend le train pour rejoindre la capitale où elle épouse le marquis de Carcano.
Dans son hôtel particulier, où elle invite ses amis de la haute société, elle sert chaque jour des madeleines venues tout droit de Commercy. Une initiative qui permet au petit gâteau de gagner en notoriété.
Le tout avant de signer véritablement avec le succès lorsque, à partir du 13 octobre 1874, un arrêté préfectoral autorise la vente des madeleines sur le quai de la gare et ainsi de faire voyager ce véritable trésor à travers la France.
Depuis, et encore aujourd’hui, se tient à Commercy chaque année la “Fête de la Madeleine”.
Et bien sûr, comment faire référence à la madeleine sans citer l'une des scènes les plus célèbres de la littérature, immortalisée dans l'œuvre monumentale de Proust, "À la recherche du temps perdu" (À la recherche du temps perdu).
La scène de la madeleine se déroule dans le premier volume de l'œuvre, "Du côté de chez Swann". Le narrateur, dont le nom n'est pas clairement établi, évoque un épisode de son enfance où sa mère lui offrait une madeleine trempée dans du thé. Cette simple gourmandise déclenche une cascade de souvenirs enfouis et lui procure une expérience quasi mystique de réminiscence.
Voici un extrait de la célèbre scène :
"Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."
La madeleine devient ainsi un symbole puissant de la mémoire involontaire, du pouvoir évocateur des odeurs et des saveurs pour raviver des moments du passé. La scène a acquis une renommée littéraire considérable, et l'expression "la madeleine de Proust" est devenue une référence culturelle pour décrire tout élément déclencheur de souvenirs nostalgiques.
Pour clore cette petite visite, je vous propose de fermer les yeux un instant et de penser, vous aussi, à votre madeleine de Proust. Quels souvenirs vous viennent en mémoire ?
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